Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/533

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ACTE II, SCÈNE VI. on

ORBASSAX.

Moi seul ; et j’ose me flatter Qu’après cette démarche, après cette entreprise (Qu’aux yeux de tout guerrier mon honneur autorise), Un cœur qui m’était dû me saura mériter. Je n’examine point si votre âme surprise Ou par mes ennemis, ou par un séducteur, Un moment aveuglée eut un moment d’erreur. Si votre aversion fuyait mon liynK’née.

^^es bienfaits peuvent tout sur une âme ])ien née ;

^…-H^a vertu s’affermit par un remords heureux.

Je suis sûr, en un mot, de l’honneur de tous deux. —

Mais ce n’est point assez : j’ai le droit de prétendre (Soit fierté, soit amour) un sentiment plus tendre. Les lois veulent ici des serments solennels ; J’en exige un de vous, non tel que la contrainte En dicte à la faiblesse, en impose à la crainte, Qu’en se trompant soi-même on prodigue aux autels : À ma franchise altière il faut parler sans feinte : Prononcez, Mon cœur s’ouvre, et mon bras est armé. Je puis mourir pour vous ; mais je doisêtre aimé.

AMÉNAÏDE.

Dans l’abîme effroyable où je suis descendue,

À peine avec horreur à moi-même rendue,

Cet effort généreux, que je n’attendais pas.

Porte le dernier coup à mon âme éperdue,

Et me plonge au tombeau qui s’ouvrait sous mes pas.

Vous me forcez, seigneur, à la reconnaissance ;

Et, tout près du sépulcre où l’on va n’enfermer.

Mon dernier sentiment est de vous estimer.

Connaissez-moi ; sachez que mon cœur vous offense ; Mais je n’ai point trahi ma gloire et mon pays : Je ne vous trahis point, je n’avais rien promis. Mon âme envers la vôtre est assez criminelle ; Sachez qu’elle est ingrate, et non pas infidèle… Je ne peux vous aimer ; je ne peux à ce prix Accepter un combat pour ma cause entrepris. Je sais de votre loi la dureté barbare. Celle de mes tyrans, la mort qu’on me prépare. Je ne me vante point du fastueux effort De voir, sans m’alarmer, les apprêts de ma mort, . Je regrette la vie, , elle dut m’être chère.