Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/60

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Les femmes sont sans frein, et les maris
Sont des benêts. Tout va de pis en pis[1].

LE COMTE

Relisant le billet,

Qui l'aurait cru ? Ce trait me désespère.
Eh bien, Germon ?


Scène XIII

.

LA MARQUISE, LE COMTE, GERMON
GERMON

Voici Votre notaire.

LE COMTE

Oh ! Qu'il attende.

GERMON

Et voici le papier
Qu'elle devait, monsieur, vous envoyer.

LE COMTE

Lisant,

Donne... fort bien. Elle m'aime, dit-elle,
Et, par respect, me refuse... infidèle !
Tu ne dis pas la raison du refus !

LA MARQUISE

Ma foi, mon fils a le cerveau perclus :
C'est sa baronne ; et l'amour le domine.

LE COMTE

A Germon,

M'a-t-on bientôt délivré de Nanine ?

GERMON

Hélas ! Monsieur, elle a déjà repris
Modestement ses champêtres habits,
Sans dire un mot de plainte et de murmure.

LE COMTE

Je le crois bien.

GERMON

Elle a pris cette injure
Tranquillement, lorsque nous pleurons tous.

  1. Mlle Dangeville, qui débitait ce couplet, était la Déjazet do l’époque. Elle jouait les travestis ; tantôt Lisette, tantôt petite vieille, et tantôt même portant culotte. C’est ainsi qu’elle ressuscita un jour l’Indiscret de Voltaire en s’emparant du rôle du jeune étourdi. (G. A.)