Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/79

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Ne consulter que les moeurs et le bien :
Elle a les moeurs, il ne lui manque rien ;
Et je ferai par goût et par justice
Ce qu'on a fait cent fois par avarice.
Ma mère, enfin, terminez ces combats,
Et consentez.

NANINE

Non, n'y consentez pas ;
Opposez-vous à sa flamme... à la mienne ;
Voilà de vous ce qu'il faut que j'obtienne.
L'amour l'aveugle ; il le faut éclairer.
Ah ! Loin de lui, laissez-moi l'adorer.
Voyez mon sort, voyez ce qu'est mon père :
Puis-je jamais vous appeler ma mère ?

LA MARQUISE

Oui, tu le peux, tu le dois ; c'en est fait :
Je ne tiens pas contre ce dernier trait ;
Il nous dit trop combien il faut qu'on t'aime ;
Il est unique aussi bien que toi-même.

NANINE

J'obéis donc à votre ordre, à l'amour ;
Mon coeur ne peut résister.

LA MARQUISE

Que ce jour
Soit des vertus la digne récompense,
Mais sans tirer jamais à conséquence.