Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/120

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Des desseins plus profonds que l’amour n’en fait naître :
Dans nos grands intérêts souvent nos actions
Sont, vous le savez trop, l’effet des passions ;
On se déguise en vain leur pouvoir tyrannique,
Le faible quelquefois passe pour politique ;
Et Cassandre n’est pas le premier souverain
Qui chérit une esclave et lui donna la main ;
J’ai vu plus d’un héros, subjugué par sa flamme,
Superbe avec les rois, faible avec une femme.

Antigone

Tu ne dis que trop vrai : je pèse tes raisons ;
Mais tout ce que j’ai vu confirme mes soupçons.
Te le dirai-je enfin ? les charmes d’Olympie
Peut-être dans mon cœur portent la jalousie.
Tu n’entrevois que trop mes sentiments secrets :
L’amour se joint peut-être à ces grands intérêts ;
Plus que je ne pensais leur union me blesse.
Cassandre est-il le seul en proie à la faiblesse ?


Hermas

Mais il comptait sur vous. Les titres les plus saints
Ne pourront-ils jamais unir les souverains ?
L’alliance, les dons, la fraternité d’armes,
Vos périls partagés, vos communes alarmes,
Vos serments redoublés, tant de soins, tant de vœux,
N’auraient-ils donc servi qu’au malheur de tous deux ?
De la sainte amitié n’est-il donc plus d’exemples ?


Antigone

L’amitié, je le sais, dans la Grèce a des temples ;
L’intérêt n’en a point, mais il est adoré.
D’ambition, sans doute, et d’amour enivré,
Cassandre m’a trompé sur le sort d’Olympie :
De mes yeux éclairés Cassandre se défie ;
Il n’a que trop raison. Va, peut-être aujourd’hui
L’objet de tant de vœux n’est pas encore à lui.


Hermas

Il a reçu sa main… Cette enceinte sacrée
Voit déjà de l’hymen la pompe préparée ;

Les initiés, les prêtres et les prêtresses traversent le fond de la scène, ayant des palmes ornées de fleurs dans les mains..

Tous les initiés, de leurs prêtres suivis,
Les palmes dans les mains, inondent ces parvis,
Et l’amour le plus tendre en ordonne la fête.