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ACTE III


Scène I

Cassandre, Sostène.

Dans le péristyle. Le temple est fermé.

Cassandre
.

La vérité l’emporte, il n’est plus temps de taire
Ce funeste secret qu’avait caché mon père ;
Il a fallu céder à la publique voix.
Oui, j’ai rendu justice à la fille des rois ;
Devais-je plus longtemps, par un cruel silence,
Faire encore à son sang cette mortelle offense ?
Je fus coupable assez.


Sostène

Mais un rival jaloux
Du grand nom d’Olympie abuse contre vous :
Il anime le peuple ; Éphèse est alarmée ;
De la religion la fureur animée,
Qu’Antigone méprise et qu’il sait exciter,
Vous fait un crime affreux, un crime à détester,
De posséder la fille, ayant tué la mère.


Cassandre

*Les reproches sanglants qu’Éphèse peut me faire,
* Vous le savez, grand Dieu ! n’approchent pas des miens.
* J’ai calmé, grâce au ciel, les cœurs des citoyens ;
* Le mien sera toujours victime des furies,
* Victime de l’amour et de mes barbaries.
* Hélas ! J’avais voulu qu’elle tînt tout de moi,
* Qu’elle ignorât un sort qui me glaçait d’effroi.
* De son père en ses mains je mettais l’héritage
* Conquis par Antipatre, aujourd’hui mon partage.
* Heureux par mon amour, heureux par mes bienfaits,