Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/136

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* Une fois en ma vie avec moi-même en paix ;
* Tout était réparé, je lui rendais justice.
* D’aucun crime, après tout, mon cœur ne fut complice ;
J’ai tué Statira, mais c’est dans les combats,
C’est en sauvant mon père, en lui prêtant mon bras ;
C’est dans l’emportement du meurtre et du carnage,
Où le devoir d’un fils égarait mon courage ;
C’est dans l’aveuglement que la nuit et l’horreur
Répandaient sur mes yeux troublés par la fureur.
Mon âme en frémissait avant d’être punie
Par ce fatal amour qui la tient asservie.
Je me crois innocent au jugement des dieux,
Devant le monde entier, mais non pas à mes yeux ;
Non pas pour Olympie, et c’est là mon supplice,
C’est la mon désespoir. Il faut qu’elle choisisse,
Ou de me pardonner, ou de percer mon cœur,
Ce cœur désespéré, qui brûle avec fureur.


Sostène

On prétend qu’Olympie, en ce temple amenée,
Peut retirer la main qu’elle vous a donnée.

Cassandre

Oui, je le sais, Sostène ; et si de cette loi
L’objet que j’idolâtre abusait contre moi,
Malheur à mon rival, et malheur à ce temple !
Du culte le plus saint je donne ici l’exemple ;
J’en donnerais bientôt de vengeance et d’horreur.
Écartons loin de moi cette vaine terreur.
Je suis aimé ; son cœur est à moi dès l’enfance,
Et l’amour est le dieu qui prendra ma défense.
Courons vers Olympie.


Scène II

Cassandre, Sostène, L’Hiérophante.

Sortant du temple.

Cassandre

Interprète du ciel,
Ministre de clémence, en ce jour solennel,
J’ai de votre saint temple écarté les alarmes ;
Contre Antigone encor je n’ai point pris les armes ;
J’ai respecté ces temps à la paix consacrés ;