Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/141

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Vous détournez de moi ce front où la nature
Peint l’âme la plus noble, et l’ardeur la plus pure !


Olympie, Se jetant dans les bras de sa mère.

Ah ! Barbare !… Ah ! Madame !


Cassandre

Expliquez-vous, parlez.
Dans quels bras fuyez-vous mes regards désolés ?
Que m’a-t-on dit ? Pourquoi me causer tant d’alarmes ?
Qui donc vous accompagne, et vous baigne de larmes ?


Statira, Se dévoilant et se retournant vers Cassandre.

Regarde qui je suis.

Cassandre

À ses traits… à sa voix…
Mon sang se glace !… Où suis-je ? Et qu’est-ce que je vois ?

Statira

Tes crimes.


Cassandre

Statira peut ici reparaître !


Statira

Malheureux ! Reconnais la veuve de ton maître,
La mère d’Olympie.

Cassandre

Ô tonnerres du ciel,
Grondez sur moi, tombez sur ce front criminel !

Statira

Que n’as-tu fait plus tôt cette horrible prière ?
Éternel ennemi de ma famille entière,
Si le ciel l’a voulu, si par tes premiers coups
Toi seul as fait tomber mon trône et mon époux ;
Si dans ce jour de crime, au milieu du carnage,
Tu te sentis, barbare, assez peu de courage
Pour frapper une femme, et, lui perçant le flanc,
La plonger de tes mains dans les flots de son sang,
De ce sang malheureux laisse-moi ce qui reste.
Faut-il qu’en tous les temps ta main me soit funeste ?
N’arrache point ma fille à mon cœur, à mes bras ;
Quand le ciel me la rend, ne me l’enlève pas.
Des tyrans de la terre à jamais séparée,
Respecte au moins l’asile où je suis enterrée ;
Ne viens point, malheureux, par d’indignes efforts,
Dans ces tombeaux sacrés persécuter les morts.