Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/154

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Antigone

Je persiste ; et j’atteste
Les mânes d’Alexandre, et le courroux céleste,
Que tant que je vivrai je ne souffrirai pas
Qu’Olympie à mes yeux passe ici dans ses bras,
Et que cet hyménée illégitime, impie,
Soit la honte d’Éphèse et l’horreur de l’Asie.


Cassandre

Sans doute il le serait si tu l’avais formé.

L’Hiérophante

D’un esprit plus remis, d’un cœur moins enflammé,
Rendez-vous à la loi, respectez sa justice ;
Elle est commune à tous, il faut qu’on l’accomplisse.
La cabane du pauvre et le trône des rois,
Également soumis, entendent cette voix ;
Elle aide la faiblesse, elle est le frein du crime,
Et délie à l’autel l’innocente victime.
Si l’époux, quel qu’il soit, et quel que soit son rang,
Des parents de sa femme a répandu le sang,
Fût-il purifié dans nos sacrés mystères
Par le feu de Vesta, par les eaux salutaires,
Et par le repentir, plus nécessaire qu’eux,
Son épouse en un jour peut former d’autres nœuds ;
Elle le peut sans honte, à moins que sa clémence,
A l’exemple des dieux, ne pardonne l’offense.
La loi donne un seul jour ; elle accourcit les temps
Des chagrins attachés à ces grands changements :
Mais surtout attendez les ordres d’une mère ;
Elle a repris ses droits, le sacré caractère
Que la nature donne, et que rien n’affaiblit.
A son auguste voix Olympie obéit.
Qu’osez-vous attenter, quand c’est à vous d’attendre
Les arrêts de la veuve et du sang d’Alexandre ?


Il sort avec sa suite.

Antigone

C’est assez, j’y souscris, pontife ; elle est à moi.

Antigone sort avec Hermas.