Ehbien ! De mon rival si l’amour vous offense,
Vous ne sauriez m’ôter un rayon d’espérance ;
Et quand votre vertu rejette un autre époux,
Ce refus est ma grâce, et je me crois à vous.
Tout souillé que je suis du sang qui vous fit naître,
Vous êtes, vous serez la moitié de mon être,
Moitié chère et sacrée, et de qui les vertus
Ont arrêté sur moi les foudres suspendus,
Ont gardé sur mon cœur un empire suprême,
Et devraient désarmer votre mère elle-même.
Ma mère !… Quoi ! Ta bouche a prononcé son nom !
Ah ! Si le repentir, si la compassion,
Si ton amour, au moins, peut fléchir ton audace,
Fuis les lieux qu’elle habite, et l’autel que j’embrasse.
Laisse-moi.
Non, sans vous je n’en saurais sortir.
A me suivre à l’instant vous devez consentir.
Il la prend par la main.
Chère épouse, venez.
Traite-moi donc comme elle ;
Frappe une infortunée à son devoir fidèle ;
Dans ce cœur désolé porte un coup plus certain :
Tout mon sang fut formé pour couler sous ta main ;
Frappe, dis-je.
Ah ! Trop loin vous portez la vengeance ;
J’eus moins de cruauté, j’eus moins de violence,
Le ciel sait faire grâce, et vous savez punir ;
Mais c’est trop être ingrate, et c’est trop me haïr.
Ma haine est-elle juste, et l’as-tu méritée ?
Cassandre, si ta main féroce, ensanglantée,
Ta main qui de ma mère osa percer le flanc.
N’eût frappé que moi seule, et versé que mon sang,
Je te pardonnerais, je t’aimerais… barbare.
Va, tout nous désunit.
Non, rien ne nous sépare.