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ACTE II, SCM-XE II. 201

FIJLVIE.

On en dit trop, Alhino ; un bien si dôsirahlo Est trop prompt et trop grand pour être vraisemblable ; Mais ces rumeurs au moins peuvent me consoler, Si mes persécuteurs apprennent à trembler.

Al FI DE.

Il est des fondements à ce bruit j)0])ulaire. Ln i)eu de vérité l’ait l’erreur du vulgaire. Pompée a su tromper le fer des assassins, C’est beaucoup ; tout le reste est soumis aux destins. Je sais qu’il a nuircbé vers les murs de Césène ; De son (lCpart au moins la nouvelle est certaine, Et le bruit (ju’on répand nous confirme aujourd’hui Que les cœurs des Romains se sont tournés vers lui ; Mais son danger est grand ; des légions entières Marchent sur son passage, et l)ordent les frontières ; Pompée est téméraire, et ses rivaux prudents.

FLLVIE.

—La prudence est surtout nécessaire aux méchants ; Mais souvent on la trompe ; un heureux téméraire Confond, en agissant, celui qui délibère. Enfin Pompée approche. Unis par la fureur, ^os communs intérêts m’annoncent un vengeur. Les révolutions, fatales ou prospères. Du sort qui conduit tout sont les jeux ordinaires : La fortune à nos yeux fit monter sur son char Sylla, deux Marins, et Pompée, et César ; Elle a précipité ces foudres de la guerre ; De leur sang tour à tour elle a rougi la terre, Rome a changé de lois, de tyrans, et de fers. Déjà nos triumvirs éprouvent des revers. Cassius et Brutus menacent l’Italie. J’irais chercher Pompée aux sables de Libye. Après mes deux alfronts, indignement soufferts. Je me consolerais en troublant l’univers. Rappelons et l’Espagne et la Caule irritée À cette liberté que j’ai persécutée ; Puissé-je, dans le sang de ces monstres heureux, Expier les forfaits que j’ai commis pour eux ! Pardonne, Cicéron, de Rome heureux génie, Mes destins t’ont vengé, tes bourreaux m’ont punie ; Mais je mourrai contente en des malheurs si grands,