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ACTE IV, SCÈNE III. 225

SCÈNE III.

POMPÉE, FULVIE, AU F IDE.

FULVIE, à Aufide.

Approchez. Que fait-on dans ces tentes coupables ?

AUFIDE.

Le sommeil y répand ses pavots favorables, Lorsque les murs de Rome, au carnage livrés, Retentissent au loin des cris désespérés Que jettent vers les cieux les filles et les mères, Sur les corps étendus des enfants et des pères. Le sang ruisselle à Rome ; Octave dort en paix.

POMPÉE.

Vengeance, éveille-toi ! Mort, punis ses forfaits ! Dites-moi dans quels lieux ses tentes sont dressées.

FULVIE.

Vous avez remarqué ces roches entassées Qui laissent un passage à ces vallons secrets. Arrosés d’un ruisseau que bordent des cyprès ; Le pavillon d’Antoine est auprès du rivage ; Passez, et dédaignez de venger mon outrage : Vous trouverez plus loin l’enceinte et les palis Où du clément César est le barbare fils. Avancez, vengez-vous.

AUFIDE.

Une troupe sanglante, Dpns la nuit, à toute heure, environne sa tente. Des plaisirs de leurs chefs affreux imitateurs. Ils dorment auprès d’eux dans le sein des horreurs.

POMPÉE.

Vous avez préparé votre fidèle esclave ?

FULVIE.

Il vous attend : marchez jusques au lit d’Octave.

POMPÉE, à Fulvie.

Je laisse entre vos mains, dans ce cruel séjour, L’objet, le seul objet pour qui j’aimais le jour, Le seul qui pût unir deux familles fatales. Deux races de héros en infortune égales. Le sang des vrais Césars. Ayez soin de son sort ;

6. — Théâtre. V. 1j