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234 LE TRIUMVIRAT.

De leurs lâches licteurs une troupe insolente Mg conduit en ces lieux captive auprès de vous. Fléchissez vos tj rans ; je hrave ici leurs coups. Qu’on me laisse le jour, ou bien qu’on me punisse, Ma vengeance est pertlue, et voilà mon supplice. Ciel ! si tu veux encor prolonger mes destins, Oue ce soit seulement pour mieux armer mes mains. Pour mieux servir ma haine et ma fureur trompée.

JULIE.

Hélas ! avez-vous su ce que devient Pompée ? Est-il vivant ou mort en ces déserts sanglants ? Aufide aura-t-il ])u déroher aux tyrans Ce héros tant proscrit que la terre abandonne ?

FLLVIE.

Il n’ose m’en flatter : mais aucun ne soupçonne Que Pompée en effet soit errant sur ces bords. Vers Césène aujourd’hui tous ses amis sont morts ; Le bruit de son trépas commence à se répandre ; Les tyrans sont trompés ; et vous pouvez comprendre Que ce bruit peut servir encore à le sauver ; C’est un soin que mes mains n’ont pu se réserver. Vous êtes libre au moins ; son salut vous regarde : Vous me voyez captive, on m’arrête, on me garde ; Je ne puis rien pour vous, ni pour lui, ni pour moi. J’attends la mort.

SCÈNE II.

JULIE, FULVIE, OCTAVE, ANTOINE, tribuns,

LICTE UUS. AXTOINE.

Tribuns, exécutez ma loi ; Gardez cette coupable, et répondez-moi d’elle ; Suivez de ses complots la trace criminelle, Qu’on l’observe, et surtout que nous soyons instruits Des complices secrets par son ordre introduits.

FULVIE.

Je n’ai point de complice ; et ces noms méprisables Sont faits pour vos suivants, sont faits pour vos semblables, Pour ces Romains nouveaux, qui, formés pour servir, Se sont déshonorés jusqu’à vous obéir.