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VARIANTES DU TRIUxMVlRAT. 247

OCTAVE.

A votro audace altièrc il faut souvent eûtlcr ; IN’cii parlons plus. Quel rang voulez-vous accorder À cet associe, triumvir inutile, Qui reste sans armée et bientôt sans asile ?

A M 1 N E.

Qu’il abdique.

OCTAVE.

Il le doit.

ANTOINE.

On n’en a plus besoin. De nos temples, dans Rome, on lui laisse le soin : Qu’il demeure pontife, et qu’il préside aux fêtes Que Rome, en gémissant, consacre h. nos conquêtes.

OCTAVE.

La foudre avait frappé ces tables criminelles.

ANTOINE.

Le destin qui nous sert en produit de nouvelles. Craignez-vous un augure ?

OCTAVE.

Et ne craignez-vous pas De révolter la terre à force d’attentats ?

ANTOINE.

C’est le dernier arrêt, le dernier sacrifice Qu’aux mânes de César devait notre justice.

OCTAVE.

Je n’en veux qu’à Pompée ; et je vous avertis Qu’il nous suffit du sang de nos grands ennemis : Le reste est une foule impuissante, éperdue, Qui sur elle en tremblant voit la mort suspendue, Que dans Rome jamais nous ne redouterons, Et qui nous bénira quand nous l’épargnerons. On nous reproche assez une rage inhumaine : jNous voulons gouverner, n’excitons plus la haine.

ANTOINE.

Nommez-vous la justice une inhumanité ? Octa\ e, un triumvir par César adopté, Quand je venge un ami, craint de venger un père ! Vous trahissez son sang pour flatter le vulgaire ! Sur sa cendre avec moi n’avez-vous pas promis La mort des conjurés et de leurs vils amis ? N’avez-vous pas déjà, par un zèle intrépide, Sur nos plus cliers parents vengé le parricide ? À qui prétendez-vous accorder un pardon. Quand vous m’avez vous-même immolé Cicéron ? Cicéron fut nommé père de la patrie, Rome l’avait aime jusqu’à l’idolâtrie ; Mais lorsqu’à ma vengeance un tribun l’a livré, Rome, où nous commandons, a-t-elle murmuré ? Elle a gémi tout bas et gardé le silence. Cassius et Brutus, réduits à l’impuissance, Inspireront peut-être à quelques nations