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VARIAMES DU TRIUMVIRAT. 249

De mes nouveaux affronts goûtez la noble joie ; Mêlez dans votre gloire et dans vos attentats Les jeux et les plaisirs à vos assassinats. Mais laissez-moi cacher dans d’obscures retraites, Loin de vous, loin de lui, l’horreur que vous me faites, Ma haine pour vous deux, et mon mépris pour lui, C’est tout ce qui me reste et me flatte aujourd’hui. Délivrez-vous de moi, d’un témoin do vos crimes, D’un cœur que vous mettez au rang de vos victimes ; C’est l’unique faveur que je viens demander : Maîtres de l’univers, daignez-vous l’accorder ?

OCTAVE.

De votre sort toujours vous serez la maîtresse ; Je partage avec vous la douleur qui vous presse. Je sais qu’Antoine et moi, forcés de vous trahir. Devant vous désormais nous n’avons qu’à rouj ; ir ; Que nous sommes ingrats, qu’il est de votre gloire D’oublier de nous deux l’importune mémoire. Mais quels que soient les lieux que vous ayez choisis, Gardez-vous de vous joindre avec nos ennemis. C’est ce qu’exige Antoine, et la seule prière Que ma triste amitié se hasarde à vous faire.

Pa2 : e 216, dernier vers. — Dans le premier manuscrit, .Iulie ne se trouve point avec Pompée au commencement de cet acte ; ils ne paraissent point ensemble devant Octave ; mais Pompée parait seul devant les deux triumvirs, qui ont ensuite la scène suivante entre eux.

ANTOINE.

Dans quoi chagrin votre àmc est-elle ensevelie ? Que craignez- vous ?

OCTAVE.

Mon cœur, et les pleurs de Julie.

ANTOINE.

Des pleurs vous toucheraient ?

OCTAVE.

Son trouble, son effroi, Dans mon étonnement ont passé jusqu’à moi. J’ai frémi de la voir, j’ai frémi de l’entendre, Couvert de tout ce sang que ma main fait répandre. Fulvie en prendra soin : ces bords ensanglantés Effarouchent ses yeux encore épouvantés. Mais il faut dès demain que cette fugitive Connaisse ses devoirs, n’obéisse, et me suive. Je dois répondre d’elle ; elle est de ma maison.

ANTOINE.

Vous êtes éperdu…

OCTAVE.

J’en ai trop de raison.

ANTOINE.

Vous l’aimez trop, Octave.

OCTAVE.

Il est vrai, ma jeunesse