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254 VARIANTES DU TRIUMVIRAT.

JULIE.

De quoi espoir trompeur êtes-vous animée ? Avez-vous un parti, des amis, une armée ? Nous sommes deux roseaux par l’orage plies. L’un sur l’autre en tremblant vainement appuyés ; Le puissant foule aux pieds le faible qui menace, Et rit, en l’écrasant, de sa débile audace. Tout tombe, tout gémit ; qui peut vous seconder ?

FULVIE,

Croyez du moins Pompée, et laissez-vous guider.

SCÈNE III. JULIE, FULVIE, POMPÉE.

JULIE.

Héros né d’un béros, vous qu’une juste crainte

Me défend de nommer dans cette borrible enceinte,

Où portez-vous vos pas égarés, incertains ?

Quel trouble vous agite ? Et quels sont vos desseins ?

P>egagnez ces rochers et ces retraites sombres

Où la nuit va porter ses favorables ombres.

Demain les trois tyrans, aux premiers traits du jour,

Partent avec la mort de ce fatal séjour ;

Ils vont, loin de vos yeux, ensanglanter le Tibre.

Ne vous exposez point, demain vous serez libre.

POMPÉE.

C’est la première fois que le ciel a permis Que mon front se cachât à des yeux ennemis.

JULIE.

11 le faut.

O Julie !

POMPÉE.

JULIE.

Eh bien ?

POMPÉE.

Quoi ! le barbare Vous enlève à mes bras ! Ce monstre nous sépare ! Fulvie, écoutez- moi…

FULVIE.

Calmez-vous.

POMPÉE.

Ah ! grands dieux ! Éloignez-la de moi, sauvez-la de ces lieux.

JULIE.

Que crains-tu ? N’as-tu pas ce fer et ton courage ? Ne saurais-tu finir notre indigne esclavage ? Eh ! ne peux-tu mourir en m’arrachant le jour ? Frappe.

POMPÉE.

Ah ! qu’un autre sang….