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ACTE I, SCÈNE I. 279

HERMODAN.

Ainsi donc, mon cher fils, jusqu’en notre contrée La Perse est’triomphante ; Obéide adorée Par un charme invincil)le a subjugué tes sens ! Cet objet, tu le sais, naquit chez les Persans,

INDATIRE.

On le dit ; mais qu’importe où le ciel la fit naître ?

HERMODAN,

Son père jusqu’ici ne s" est point fait connaître ; Depuis quatre ans entiers qu’il goûte dans ces lieux La liberté, la paix, que nous donnent les dieux, 3Ialgré notre amitié, j’ignore quel orage Transplanta sa famille en ce désert sauvage. Mais dans ses entretiens j’ai souvent démêlé Que d’une cour ingrate il était exilé. Il est persécuté : la vertu malheureuse Devient plus respectable, et m’est plus précieuse ; Je vois avec plaisir que du sein des honneurs Il s’est soumis sans peine à nos lois, à nos mœurs, —Quoiqu’il soit dans un âge où l’âme la plus pure —Peut rarement changer le pli de la nature.

INDATIRE.

Son adorable fille est encore au-dessus :

De son sexe et du nôtre elle unit les vertus ;

Courageuse et modeste, elle est belle et l’ignore ;

Sans doute elle est d’un rang que chez elle on honore ;

Son âme est noble au moins, car elle est sans orgueil ;

Simple dans ses discours, affable en son accueil ;

Sans avilissement à tout elle s’abaisse ;

D’un père infortuné soulage la vieillesse,

Le console, le sert, et craint d’apercevoir

Qu’elle va quelquefois par delà son devoir.

On la voit supporter la fatigue obstinée

Pour laquelle on sent trop qu’elle n’était point née :

Elle brille surtout dans nos champêtres jeux.

Nobles amusements d’un peuple belliqueux ;

Elle est de nos beautés l’amour et le modèle ;

Le ciel la récompense en la rendant plus belle,

HERMODAN",

Oui, je la crois, mon fils, digne de tant d’amour : Mais d’où vient que son père, admis dans ce séjour. Plus formé qu’elle encore aux usages des Scythes,