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ACTE III, SLÈNE I. 299

Aux clartés des llambeaiix que j’ai vus disparaître. Vous n’étiez pas encore arrivé vers l’autel Qu’un long tressaillement, suivi d’un froid mortel, A fermé les beaux yeux d’Obéide oppressée. Des fdles de Scytbie une foule empressée La portait en pleurant sous ces rustiques toits, Asile malheureux dont son père a fait choix : Ce vieillard la suivait d’une démarche lente. Sous le fardeau des ans ailaiblie et pesante. Quand vous avez sur vous attiré ses regards.

ATHAMARE.

Mon cœur, à ce récit, ouvert de toutes parts.

De tant d’impressions sent l’atteinte subite,

Dans ses derniers replis un tel combat s’excite

Que sur aucun parti je ne puis me fixer ;

Et je démêle mal ce que je puis penser.

Mais d’où vient qu’en ce temple Obéide rendue

En touchant cet autel est tombée éperdue ?

Parmi tous ces pasteurs elle aura d’un coup d’œil

Reconnu des Persans le fastueux orgueil ;

Ma présence à ses yeux a montré tous mes crimes.

Mes amours emportés, mes feux illégitimes,

À l’affreuse indigence un père abandonné.

Par un monarque injuste à la mort condamné.

Sa fuite, son séjour en ce pays sauvage.

Cette foule de maux qui sont tous mon ouvrage ;

Elle aura rassemblé ces objets de terreur :

Elle imite son père, et je lui fais horreur.

HIRCAN.

Un tel saisissement, ce trouble involontaire. Pourraient-ils annoncer la haine et la colère ? Les soupirs, croyez-moi, sont la voix des douleurs. Et les yeux irrités ne versent point de pleurs.

ATHAMARE.

Ah ! lorsqu’elle m’a vu, si son âme surprise D’une ombre de pitié s’était au moins éprise ; Si, lisant dans mon cœur, son cœur eût éprouvé Un tumulte secret faiblement élevé !… Si l’on me pardonnait ! Tu me flattes peut-être ; Ami, tu prends pitié des erreurs de ton maître. Qu’ai-je fait, que ferai-je, et quel sera mon sort ? Mon aspect en tout temps lui porta donc la mort !