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302 LES SCYTHES.

Qii’Ecbataiio est à moi… \on, ])anloiHîo, 01)(i(lo ; Ecbataiio est à toi : rEiiphralo, la Porsido, Et la superbe Éi^yptc. et les ])or(ls indiens, Seraient à tes genoux s’ils pouvaient être aux miens. Mais mon trône et ma vie, et toute la nature, Sont d’un trop l’aible prix pour payer ton injure. Ton grand cœur, Obéide, ainsi (|ue ta beauté, Est au-dessus d’un rang dont il n’est point flatté : One la pitié du moins le désarme et le touche. Les clinu\ts où tu vis l’ont-ils rendu farouche ?

— -0 cœur né pour aimer, ne peux-tu que haïr ?

— Image de nos dieux, ne sais-tu (jue punir ?

Tls savent pardonner. Va, ta bont( doit plaindre Ton criminel amant que tu vois sans le craindre.

OBÉIDE.

Que m’as-tu dit, cruel ? Et pourquoi de si loin Mens-tu de me troubler prendre le triste soin ? Tenter dans ces forêts ma misère tranquille, Et chercher un pardon… qui serait inutile ? Quand tu m’osas aimer pour la première fois. Ton roi d’un autre hymen t’avait prescrit les lois : Sans un crime à mon cœur tu ne pouvais prétendre, Sans un crime plus grand je ne saurais t’entendre. ^’e fais point sur mes sens d’inutiles elTorts : Je me vois aujourd’hui ce que tu fus alors ; Sous la loi de l’hymen Obéide respire ; Prends pitié de mon sort… et respecte Indatire.

ATHAMARE.

Un Scythe ! un vil mortel !

OBÉIDE.

Pourquoi méprises-tu Un homme, un citoyen… qui te passe en vertu ?

ATHAMARE.

Nul ne m’eût égalé si j’avais pu te plaire ;

Tu m’aurais des vertus aplani la carrière ;

Ton amant deviendrait le premier des humains.

Mon sort dépend de toi : mon Ame est dans tes mains ;

Un mot peut la changer : l’amour la lit coupable-,

1. Corneille a dit dans Cinna :

Grands dieux, qui la rendez comme vous adorable. Rendez-la comme vous à mes vœux exorable !