Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/319

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ACTE QUATRIÈME.

SCÈNE I. ATHAMARE, HIRCAN.

ATHAMARE.

Penses-tu qu’Inclatire osera me parler ?

HIRCAN.

Il l’osera, seigneur.

ATHAMARE.

Qu’il vienne… II doit trembler.

HIRCAN.

Les Scythes, croyez-moi, connaissent peu la crainte ; Mais d’un tel désespoir votre âme est-elle atteinte Que vous avilissiez l’honneur de votre rang. Le sang du grand Cyrus mêlé dans votre sang, Et d’un trône si saint le droit inviolable, Jusqu’à vous compromettre avec un misérable Qu’on verrait, si le sort l’envoyait parmi nous, A vos premiers suivants ne parler qu’à genoux ; Mais qui, sur ses foyers, peut avec insolence Braver impunément un prince et sa puissance ?

ATHAMARE.

Je m’abaisse, il est vrai ; mais je veux tout tenter.

Je descendrais plus bas pour la mieux mériter.

Ma honte est de la perdre ; et ma gloire éternelle

Serait de m’avilir pour m’élever vers elle.

Penses-tu qu’Indatire en sa grossièreté

Ait senti comme moi le prix de sa beauté ?

Un Scythe aveuglément suit l’instinct qui le guide ;

Ainsi qu’une autre femme il épouse Obéide.

L’amour, la jalousie, et ses emportements,

N’ont point dans ces climats apporté leurs tourments