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ACTE V, SCÈiNE II. 820

Voudraient de leur patrie écarter ces orages.

OBÉIDE.

Achevez donc, seigneur, de les persuader : Ou’ils méritent le sang qu’ils osent demander ; Et tandis que ce sang de l’offrande immolée baignera sous vos yeux leur féroce assemblée, Que tous nos citoyens soient mis en liberté, Et repassent les monts sur la foi d’un traité.

SOZAME.

Je l’obtiendrai, ma fille, et j’ose t’en répondre ;

^lais ce traité sanglant ne sert qu’à nous confondre ;

De quoi t’auront servi ta prière et mes soins ?

Athamare à l’autel en périra-t-il moins ?

Les Persans ne viendront que pour venger sa cendre.

Ce sang de tant de rois que ta main va répandre,

Ce sang que j’ai haï, mais que j’ai révéré,

Oui, coupai de envers nous, n’en est pas moins sacré.

OBÉIDE.

Il l’est… Mais je suis Scythe… et le fus pour vous plaire : Le climat quelquefois change le caractère.

SOZAME.

Ma fille !

OBÉIDE.

C’est assez, seigneur, j’ai tout prévu ; J’ai pesé mes destins, et tout est résolu. Une invincible loi me tient sous son empire : La victime est promise au père d’Indatire ; Je tiendrai ma parole… Allez, il vous attend. Qu’il me garde la sienne… il sera trop content.

SOZAME.

Tu me glaces d’horreur.

OBÉIDE.

Allez, je la partage. Seigneur, le temps est cher, achevez votre ouvrage ; Laissez-moi m’affermir ; mais surtout obtenez Un traité nécessaire à ces infortunés. Vous prétendez qu’au moins ce peuple impitoyable Sait garder une foi toujours inviolable ; Je vous en crois… le reste est dans la main des dieux,

SOZAME.

Ils ne présagent rien qui ne soit odieux : Tout est horrible ici. Ma faible voix encore