Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/340

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

.330 LES SCYTHES.

On y verra Ion nom ; c’est là qu’il est gravé. De tons mes compagnons tu conserves la vie ; Tu me donnes la mort ; c’est toute mon envie. Grâces aux immortels, tous mes vœux sont remplis ; •Te meurs pour Obéide, et meurs pour mon pays, r.assure cette main qui tremble à mon approche ; Ne crains, en m’immolant, que le juste reproche Que les Scythes feraient à ta timidité S’ils voyaient ce que j’aime agir sans fermeté, Si ta main, si tes yeux, si ton cœur qui s’égare, S’effrayaient un moment en frappant Athamare.

SOZAME.

Ah : ma fille !…

SULMA.

Ah, madame !…

OBÉIDE.

Scythes inhumains ! Connaissez dans quel sang vous enfoncez mes mains. Athamare est mon prince ; il est plus… je l’adore ; Je l’aimai seul au monde… et ce moment encore Porte au plus grand excès, dans ce cœur enivré, L’amour, le tendre amour dont il fut dévoré,

ATHAMARE.

Je meurs heureux.

OBÉIDE.

L’hymen, cet hymen que j’abjure. Dans un sang criminel doit laver son injure…

(Levant le glaive entre elle et Athamare.)

Vous jurez d’épargner tous mes concitoyens…

Il l’est… sauvez ses jours… l’amour finit les miens.

(Elle se frappe.)

Vis, mon cher Athamare ; en mourant je l’ordonne.

(Elle tombe à mi-corps sur l’autel.) HERMODAN.

Obéide !

SOZAME.

mon sang !

ATHAMARE.

La force m’abandonne ; Mais il m’en reste assez pour me rejoindre à toi, Chère Obéide !

(Il veut saisir le fer.)