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ACTE II, SCÈNE I. 363

Qui sera par iiiadanio avec vous présciit« ’. Vous semhlcz n’y penser qu’avec indifférence, Et je crois entrevoir un peu de répugnance.

JULIE,

Hélas ! comment veut-on que mon cœur soit touché ;

Qu’il se donne à celui ([ui ne l’a point cherché ?

Par la digne comtesse en ces murs élevée,

Conduite par vos soins, à son fils réservée,

Je n’ai januiis dans lui trouvé Jusqu’à ce jour

Le moindre sentiment qui ressenii)le à l’amour ;

Il n’a jamais montré ces douces complaisances

Qui d’un peu de tendresse auraient les apparences.

Il est sombre, il est dur, il me doit alarmer ;

Il ose être jaloux et ne sait point aimer.

J’aime avec passion sa vertueuse mère :

Le fils me fait tremhler ; quel triste caractère !

Ses airs et son ton brusque, et sa grossièreté,

Affligent vivement ma sensibilité.

D’un noir pressentiment je ne puis me défendre.

La nature me fit une ûme honnête et tendre.

J’aurais voulu chérir mon mari.

MADAME AL BON NE.

Parlez net ; Développez un cœur qui se cache à regret. Le marquis est haï,

JULIE,

Tout autant qu’haïssable : C’est une aversion qui n’est pas surmontable, À sa mère, après tout, je ne puis l’avouer. De quinze ans de bontés je dois trop me louer : Je percerais son cœur d’une atteinte cruelle ; Je ne puis la tromper, ni m’ouvrir avec elle. Voilà mes sentiments, mes chagrins et mes vœux,

MADAME AUBONNE,

Ce mariage-là fera des malheureux.

Ah ! comment nous tirer du fond du précipice ?

JULIE,

Et moi, que devenir, comment faire, nourrice ? Tu ne me réponds point, tu rêves tristement, Ma chère Aubonne !

MADAME AUBONNE,

Hélas !