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ACTE II, SCÈNE V. 374

Trop de monde a présent entoure la comtesse ; Comment parler ? comment, par un trouble cruel, Contrisler les plaisirs d’un jour si solennel ?

JULIE.

Je le sais, et je crains que mon refus la blesse : Pour ce fils que je liais je connais sa tendresse.

MADAME AUBONNE.

D’un coup trop imprévu n’allons point l’accabler… Je n’ai jamais rien fait que pour la consoler.

JULIE.

La nature, il est vrai, parle beaucoup en elle.

MADAME AUBONNE.

Elle peut s’aveugler.

JULIE.

Je compte sur ton zèle, Sur tes conseils prudents, sur ta tendre amitié. De ce joug odieux tire-moi par pitié.

MADAME AUBONNE.

Hélas ! tout dès longtemps trompa mes espérances.

JULIE.

Tu gémis,

MADAME AUBONNE.

Oui, je suis dans de terribles transes… N’importe… je le veux… je ferai mon devoir ; Je serai juste.

JULIE.

Hélas ! tu fais tout mon espoir.

SCÈNE V. JULIE, MADA3IE AUBONNE, BABET.

BABET, accourant avec empressement.

Allez, votre marquis est un vrai trouble-fête.

MADAME AUBONNE.

Je ne le sais que trop.

BABET.

Vous savez qu’on apprête Cette longue feuillée où Cbarlot de ses mains De guirlandes de fleurs décorait les chemins ; Il a dans cent endroits disposé cent lumières, Où du nom de Henri les brillants caractères