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Scène III

Gourville L’Aîné, Monsieur Garant
MONSIEUR GARANT.

Eh bien ! mon très cher, mon vertueux Gourville,
De tant d’iniquités allez-vous fuir l’asile ?


GOURVILLE L’AÎNÉ.

J’y suis très résolu.

MONSIEUR GARANT.

Ce logis infecté
N’était point convenable à votre piété.
Sortez-en promptement… Mais que voulez-vous faire
De ces deux mille écus de monsieur votre père ?

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Tout ce qu’il vous plaira ; vous en disposerez.


MONSIEUR GARANT.

L’argent est inutile aux cœurs bien pénétrés
D’un vrai détachement des vanités du monde ;
Et votre indifférence en ce point est profonde :
Je veux bien m’en charger ; je les ferai valoir…
Pour les pauvres s’entend… Vous aurez le pouvoir
D’en répéter chez moi le tout ou bien partie,
Dès que vous en aurez la plus légère envie.


GOURVILLE L’AÎNÉ.

Ah ! Que vous m’obligez ! Je ne pourrai jamais
Vous payer dignement le prix de vos bienfaits.

MONSIEUR GARANT.

Je puis avoir à vous d’autres sommes en caisse.
Eh ! eh !

GOURVILLE L’AÎNÉ.

L’on me l’a dit… Mon Dieu, je vous les laisse.
Vous voulez bien encore en être embarrassé ?


MONSIEUR GARANT.

Je mettrai tout ensemble.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Oui, c’est fort bien pensé.

MONSIEUR GARANT.

Or çà, votre dessein de chercher domicile
Est très juste et très bon ; mais il est inutile :