Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/518

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Quand César alluma cet horrible bûcher ;
C’est d’avoir asservi sous des lois sanguinaires
Notre indigne valeur et nos mains mercenaires.

IRADAN

Je pense comme vous, et vous me connaissez ;
Mes remords par le temps ne sont point effacés.
Mon métier de soldat pèse à mon cœur trop tendre ;
Je pleurerai toujours sur ma famille en cendre ;
J’abhorrerai ces mains qui n’ont pu les sauver ;
Je chérirai ces pleurs qui viennent m’abreuver :
Nous n’aurons, dans l’ennui qui tous deux nous consume,
Que des nuits de douleur et des jours d’amertume.

CÉSÈNE

Pourquoi donc voulez-vous de nos malheureux jours,
Dans ce fatal service, empoisonner le cours ?
Rejetez un fardeau que ma gloire déteste ;
Demandez à César un emploi moins funeste :
On dit qu’en nos remparts il revient aujourd’hui.

IRADAN

Il faut des protecteurs qui m’approchent de lui ;
Percerai-je jamais cette foule empressée,
D’un préfet du prétoire esclave intéressée,
Ces flots de courtisans, ce monde de flatteurs,
Que la fortune attache aux pas des empereurs,
Et qui laisse languir la valeur ignorée,
Loin des palais des grands, honteuse et retirée ?

CÉSÈNE

N’importe, à ses genoux il faudra nous jeter ;
S’il est digne du trône, il doit nous écouter.


Scène II


Iradan, Césène, Mégatise.

IRADAN

Soldat, que me veux-tu ?

MÉGATISE

Des prêtres d’Apamé
Une horde nombreuse, inquiète, alarmée,
Veut qu’on ouvre à l’instant, et prétend vous parler.