Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/524

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À ses illusions si le ciel l’abandonne,
Le ciel peut se venger ; mais que l’homme pardonne.
Dût César me punir d’avoir trop émoussé
Le fer sacré des lois entre nos mains laissé,
J’absous cette coupable.

LE GRAND-PRÊTRE.

Et moi, je la condamne.
Nous ne souffrirons pas qu’un soldat, un profane,
Corrompant de nos lois l’inflexible équité,
Protège ici l’erreur avec impunité.

LE SECOND PRÊTRE.

Il faut savoir surtout quel mortel l’a séduite,
Quel rebelle en secret la tient sous sa conduite,
De son sang réprouvé quels sont les vils auteurs.

ARZAME

Qui ? Moi ! J’exposerais mon père à vos fureurs ?
Moi, pour vous obéir, je serais parricide ?
Plus votre ordre est injuste, et moins il m’intimide.
Dites-moi quelles lois, quels édits, quels tyrans,
Ont jamais ordonné de trahir ses parents ?
J’ai parlé, j’ai tout dit, et j’ai pu vous confondre ;
Ne m’interrogez plus, je n’ai rien à répondre.

LE GRAND-PRÊTRE.

On vous y forcera… Garde de nos prisons,
Tribun, c’est en vos mains que nous la remettons ;
C’est au nom de César, et vous répondrez d’elle.
Je veux bien présumer que vous serez fidèle
Aux lois de l’empereur, à l’intérêt des cieux.


Scène V


Iradan, Arzame.

IRADAN

Tout au nom de César, et tout au nom des dieux !
C’est en ces noms sacrés qu’on fait des misérables :
Ô pouvoirs souverains, on vous en rend coupables !..
Vous, jeune malheureuse, ayez un peu d’espoir.
Vous me voyez chargé d’un funeste devoir ;
Ma place est rigoureuse, et mon âme indulgente.