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Scène III


Arzame, Mégatise.

ARZAME

Arrête !… Que veut-il ? Qu’est-ce donc qu’il prépare ?
De sa tremblante sœur faut-il qu’il se sépare ?
Et dans quel temps, grand Dieu ! Qu’en peux-tu soupçonner ?

MÉGATISE

Des malheurs.

ARZAME

Contre moi le sort veut s’obstiner,
Et depuis mon berceau les malheurs m’ont suivie.

MÉGATISE

Puisse le juste ciel veiller sur votre vie !

ARZAME

Je tremble ; je crains tout quand je suis loin de lui.
J’avais quelque courage, il s’épuise aujourd’hui.
N’aurais-tu rien appris de ces juges féroces,
Rien de leurs factions, de leurs complots atroces ?
Assez infortuné pour servir auprès d’eux,
Tu les vois, tu connais leurs mystères affreux.

MÉGATISE

Hélas ! En tous les temps leurs complots sont à craindre :
César les favorise ; ils ont su le contraindre
À fléchir sous le joug qu’ils auraient dû porter.
Pensez-vous qu’Iradan puisse leur résister ?
Êtes-vous sûre enfin de sa persévérance ?
On se lasse souvent de servir l’innocence ;
Bientôt l’infortuné pèse à son protecteur ;
Je l’ai trop éprouvé.

ARZAME

Si tel est mon malheur,
Si le noble Iradan cesse de me défendre,
Il faut mourir… Grand Dieu, quel bruit se fait entendre !
Quels mouvements soudains ! et quels horribles cris !