Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/564

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LE VIEIL ARZÉMON, à Iradan.

Reconnaissez ce gage
D’un malheur sans exemple, et de la vérité ;
C’est pour vous qu’en ces lieux je l’avais apporté.
Il lui donne la lettre.
Vous en croirez les traits qu’une mère expirante
A tracés devant moi d’une main défaillante.

IRADAN

Du sang que j’ai perdu mes yeux sont affaiblis,
Et ma main tremble trop ; tiens, mon frère, prends, lis.

CÉSÈNE

Oui, c’est ta tendre épouse ; ô sacré caractère !
Il montre la lettre à Iradan.
Embrasse ton cher fils, Arzame est à ton frère.

IRADAN, prend la main d’Amame, et regarde avec larmes le jeune Arzémon qui se couvre le visage.

Voilà mon fils, ta fille, et tout est découvert.

ARZAME, à Césène, qui l’embrasse.

Quoi ! Je naquis de vous !

IRADAN

Quoi ! le ciel qui me perd
Ne me rendrait mon sang à cette heure fatale
Que pour l’abandonner à la rage infernale
De mortels ennemis que rien ne peut calmer !

LE JEUNE ARZÉMON, se jetant aux genoux d’Iradan.

Du nom de père, hélas ! osé-je vous nommer ?
Puis-je toucher vos mains de cette main perfide ?
J’étais un meurtrier, je suis un parricide.

IRADAN, se relevant et l’embrassant.

Non, tu n’es que mon fils.
Il retombe.

CÉSÈNE

Que j’étais aveuglé !
Sans ce vieillard, mon frère, il était immolé ;
Les bourreaux l’attendaient… Quel bruit se fait entendre ?
Nos tyrans à nos yeux oseraient-ils se rendre ?

MÉGATISE, rentrant.

Un ordre du prétoire au pontife est venu.

CÉSÈNE

Est-ce un arrêt de mort ?

MÉGATISE

Il ne m’est pas connu