Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/573

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
IRADAN

Il a reçu le prix de tant de barbarie.

ARZAME

Ah ! Son sang odieux répandu justement
Sera vengé bientôt, et payé chèrement.

LE VIEIL ARZÉMON

Je le crois. On disait qu’en ce désordre extrême
César doit au château se transporter lui-même.

ARZAME

Qu’est devenu mon père ?

IRADAN

Ah ! je vois qu’aujourd’hui
Il n’est plus de pardon ni pour nous ni pour lui.
Le vieil Arzémon sort.


Scène V


Iradan, Césène, Arzame, Le Jeune Arzémon.

CÉSÈNE

Sans doute il n’en est point ; mais la terre est vengée.
Par votre digne fils ma gloire est partagée ;
C’est assez.

LE JEUNE ARZÉMON

Oui, nos mains ont puni ses fureurs
Puissent périr ainsi tous les persécuteurs !
Le ciel, nous disaient-ils, leur remit son tonnerre :
Que le ciel les en frappe, et délivre la terre ;
Que leur sang satisfasse au sang de l’innocent :
Mon père, entre vos bras je mourrai trop content.

IRADAN

La mort est sur nous tous, mon fils ; à ses approches
Je ne te ferai point d’inutiles reproches.
Ce nouveau coup nous perd ; et ce monstre expiré,
Tout barbare qu’il fut, était pour nous sacré.
César va nous punir. Un vieillard magnanime,
Un frère, deux enfants, tout est ici victime,
Tout attend son arrêt. Flétri, dépossédé,
Prisonnier dans ce fort où j’avais commandé,