Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/576

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De ces affreux abus j’ai senti l’importance ;
Je les viens abolir.

IRADAN

Rome, les nations,
Vont bénir vos bontés.

L’EMPEREUR

Les persécutions
Ont mal servi ma gloire, et font trop de rebelles.
Quand le prince est clément, les sujets sont fidèles.
On m’a trompé longtemps ; je ne veux désormais
Dans les prêtres des dieux que des hommes de paix,
Des ministres chéris, de bonté, de clémence,
Jaloux de leurs devoirs, et non de leur puissance ;
Honorés et soumis, par les lois soutenus,
Et par ces mêmes lois sagement contenus ;
Loin des pompes du monde enfermés dans leur temple,
Donnant aux nations le précepte et l’exemple ;
D’autant plus révérés qu’ils voudront l’être moins ;
Dignes de vos respects, et dignes de mes soins :
C’est l’intérêt du peuple, et c’est celui du maître.
Je vous pardonne à tous. C’est à vous de connaître
Si de l’humanité je me fais un devoir,
Et si j’aime l’État plutôt que mon pouvoir…
Iradan, désormais, loin des murs d’Apamée,
Votre frère avec vous me suivra dans l’armée ;
Je vous verrai de près combattre sous mes yeux :
Vous m’avez offensé ; vous m’en servirez mieux.
De vos enfants chéris j’approuve l’hyménée.
A Arzame et au jeune Arzémon.
Méritez ma faveur, qui vous est destinée.
Au vieil Arzémon
Et toi, qui fus leur père, et dont le noble coeur
Dans une humble fortune avait tant de grandeur,
J’ajoute à ta campagne un fertile héritage ;
Tu mérites des biens, tu sais en faire usage.
Les Guèbres désormais pourront en liberté
Suivre un culte secret longtemps persécuté :
Si ce culte est le tien, sans doute il ne peut nuire
Je dois le tolérer plutôt que le détruire.