Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/589

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE I, SCÈNE III. 579

On lera des vaisseaux : l’Hellespont tremblera ; Elle sera des mers souveraine maîtresse,

LE BARON.

Je me vois bien puissant,

LE CONSEILLER.

Nul no Test plus que vous. Seigneur, goûtez en paix ce destin noble et doux : Ne vous mêlez de rien, chacun pour vous travaille.

LE BARON,

Étant si fortuné, d’où vient donc que je bâille ?

LE CONSEILLER.

Seigneur, ces bâillements sont l’effet d’un grand cœur

Qui se sent au-dessus de toute sa grandeur.

Ce beau jour de gala, ce l)cau jour de naissance

Célèbre son bonheur ainsi que son pouvoir ;

Et monseigneur, sans doute, aura la complaisance

De prendre du plaisir, i)uisqu’il en veut avoir.

Vous serez harangué ; c’est le premier devoir :

Les spectacles suivront ; c’est notre antique usage.

LE BARON.

Tout cela bien souvent fait bailler davantage ; Les harangues surtout ont ce don merveilleux. ciel ! je vois Irène arriver en ces lieux ! Irène, si matin, vient me rendre visite ! Mes conseillers privés, qu’on s’en aille au plus vite. Les harangues pour moi sont des soins superflus : Ma cousine paraît ; je ne bâillerai plus.

SCÈNE III.

LE BARON, IRÈNE.

LE BARON chanta.

Belle Irène, belle cousine.

Ma langueur chagrine S’en va quand je te vois : L’amour vole à ta voix ; Tes yeux m’inspirent l’allégresse,

Ton cœur fait mon destin : Tout m’ennuyait, tout m’intéresse ; Je commence à goûter du plaisir ce matin,