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ACTE DEUXIÈME.

SCÈNE I.

IRÈNE, LA GOUVERNANTE.

IRKNE.

Consolons-nous, ma bonne ; il faut avec adresse Corriger, si l’on peut, la fortune traîtresse. Vous savez du baron le bizarre destin ?

LA GOUVERNANTE.

Point du tout.

IRÈNE.

Le corsaire, échauffé par le vin. Dans les transports de joie où son cœur s’abandonne, Sans s’informer du rang ni du nom de personne, A, pour se réjouir, dans la cour du château Assemblé les captifs, et, par un goût nouveau, Fait tirer aux trois dés les emplois qu’il leur donne. Un grave magistrat se trouve cuisinier ; Le baron, pour son lot, est reçu muletier. Ce sont là, nous dit-on, les jeux de la fortune : Cette bizarrerie en Turquie est commune.

LA GOUVERNANTE.

Se peut-il qu’un baron, hélas ! soit réduit là ? Et quelle est votre place à la cour d’Abdalla ?

IRÈNE.

Je n’en ai i)oint encor ; mais, si je dois en croire Certains regards hardis que, du haut de sa gloire, L’impudent, en passant, a fait tomber sur moi. J’aurai ])ientôt, je pense, un assez bel emploi. Et j’en ferai, ma bonne, un très-honnéte usage.

LA GOUVERNANTE.

Ab : je n’en doute pas : je sais qu’Irène est sage.