Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/122

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12 LIiS PKLOl’lDHS.

i’ : r, oi’i :. Je voudrais (jiie le jour où votre iiJs Tiiyeste Outragea sous vos yeux la justice céleste, Le jour qu’il vous ravit l’objet de ses amours Eût été le dernier de mes malheureux jours. De tous mes sentiments je vous rendrai l’arbitre. Je vous chéris en mi’re ; et c’est à ce saint titre Que mon cœur désolé recevra votre loi : Vous jugerez, ô reine, entre Thyeste et moi. Après son attentat, de troubles entourée, J’ignorai jusqu’ici les sentiments d’Atrée ; Mais plus il est aigri contre mon ravisseur. Plus à ses yeux sans doute Érope est en horreur.

HIPPODAMIE.

Je sais qu’avec fureur il poursuit sa vengeance,

KROPE.

Vous avez sur un fils encor quelque puissance.

HIPPODAMIE.

Sur les degrés du trône elle s’évanouit ; L’enfance nous la donne, et l’âge la ravit. Le cœur de mes deux fils est sourd à ma prière. Hélas ! c’est quelquefois un malheur d’être mèré.

ÉROPE.

Madame… il est trop vrai… mais dans ce lieu sacré Le sage Polémon tout à l’heure est entré. N’a-t-il point consolé vos alarmes cruelles ? N’aurait-il apporté que de tristes nouvelles ?

HIPPODAMIE,

J’attends beaucoup de lui : mais, malgré tous ses soins. Mes transports douloureux ne me^troublent pas moins. Je crains également la nuit et la lumière. Tout s’arme contre moi dans la nature entière : Et Tantale, et Pélops, et mes deux fils, et vous. Les enfers déchaînés, et les dieux en courroux ; Tout présente à mes yeux les sanglantes images De mes malheurs passés et des plus noirs présages :

— Le sommeil fuit de moi, la terreur me poursuit ;

— Les fantômes affreux, ces enfants de la nuit.

1. Vers du Timoléon de Laharpe. Dans, rédition stércotyjjo de Didot, il est ainsi changé :

Hélas ! c’est bien souvent un malheur d’être mère ! (B.)