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ACTE I, SCÈNE IV. Il 3

Oui dos infortunés assiègent les pensées.

Impriment l’épouvante en mes veines glacées.

D’OEnomails mon père on déchire le flanc.

Le glaive est sur ma tête ; on m’abreuve de sang ;

Je vois les noirs détours de la rive infernale,

L’exécrable festin que prépara Tantale,

Son supplice aux enfers, et ces champs désolés

Oui n’allient à sa faim ([ue des troncs dépouillés.

Je m’éveille mourante aux cris des Euménides,

Ce temple a retenti du nom de parricides.

Ah ! si mes fils savaient tout ce qu’ils m’ont coûté.

Ils maudiraient leur haine et leur férocité :

Ils tomberaient en pleurs aux pieds d’Hippodamie.

ÉROPE.

Madame, un sort plus triste empoisonne ma vie.

Les monstres déchaînés de l’empire des morts

Sont encor moins affreux que l’horreur des remords.

C’en est fait… Votre fils et l’amour m’ont perdue.

J’ai semé la discorde en ces lieux répandue.

Je suis, je l’avouerai, criminelle en effet ;

Un dieu vengeur me suit… mais vous, qu’avez-vous fait ?

Vous êtes innocente, et les dieux vous punissent !

Sur vous comme sur moi leurs coups s’appesantissent !

Hélas ! c’était à vous d’éteindre entre leurs mains

Leurs foudres allumés sur les tristes humains.

C’était à vos vertus de m’obtenir ma grâce.

SCÈNE IV.

HIPPOrjAMIE, ÉROPE, MÉGARE.

MÉGARE.

Princesse… les deux rois…

IIIPPODAMIE.

Qu’est-ce donc qui se passe ?

ÉROPE.

Quoi !… Thyeste !… ce temple !… Ah ! qu’est-ce que j’entends ?

MÉGARE.

Les cris de la patrie et ceux des combattants.

La mort suit en ces lieux les deux malheureux frères.

7. — Théâtre. VI. 8