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ACTE IV, SCÈNE V. 135

ÉllOPE.

Que prétends-tu de moi ? Tu connais son injure ; Je ne puis à ma faute ajouter le parjure. Tout le courroux d’Atrée, armé de son pouvoir, L’amour même en un mot (s’il pouvait en avoir) i\e me réduira point jusques à la faiblesse De flatter, de tromper sa fatale tendresse. Je fus coupable assez sans encor m’avilir.

MÉGARE,

U va bientôt paraître.

ÉKOPE.

Ah ! tu me fais mourir.

MÉGARE.

L’abîme est sous vos pas.

ÉPiOPE,

Je le sais ; mais n’importe. Je connais mon danger ; la vérité l’emporte.

MÉGARE,

Madame, le voici.

ÉROPE.

Je commence à trembler : Quoi ! c’est Atrée ! ô ciel ! et j’ose lui parler !

SCÈNE V.

ÉROPE, MÉGARE, ATRÉE, gardes.

ATRÉE fait signe à ses gardes et à Mégare de se retirer.

Laissez-nous. Je la vois interdite, éperdue : D’un époux qu’elle craint elle éloigne sa vue.

ÉROPE.

La lumière à mes yeux semble se dérober… Seigneur, votre victime à vos pieds vient tomber. Levez le fer, frappez : une plainte offensante Ne s’échappera point de ma bouche expirante. Je sais trop que sur moi vous avez tous les droits. Ceux d’un époux, d’un maître, et des plus saintes lois Je les ai tous trahis. Et quoique votre frère Opprimât de ses feux l’esclave involontaire. Quoique la violence ait ordonné mon sort. L’objet de tant d’affronts a mérité la mort.