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168 KPITHK OEDICATOIIIE.

d’amour : ce que j’avais tenté autrefois dans 3férope, àans Oreste, dans d’autres pièces, et ce que j’aurais voulu toujours exécuter. Mais le libraire Valade, qui est sans doute un de vos beaux esprits de Paris, s’étant emparé d’un manuscrit de la pièce, selon Tusa^^e la embellie de vers composés par lui ou par ses amis, et a imprimé le tout sous mon nom, aussi proprement que cette i-apsodie méritait de l’être \ Ce n’est point la tragédie de Yalade ([ue jai l’honneur de vous dédier ; c’est la mienne, en dépit de l’envie.

Otte envie, comme vous savez, est l’Ame du monde : elle établit son trône, pour un jour ou deux, dans le parterre à toutes les pièces nouvelles, et s’en retourne bien vite à la cour, où elle demeure la plus grande partie de l’année.

Vous le savez, vous, le digne disciple^ du maréchal de Villars dans la plus brillante et la plus nol)le de toutes les carrières. Vous vîtes ce héros qui sauva la France, qui sut si bien l’aire la guerre et la paix, ne jouir de sa réputation qu’à l’âge de quatre-vingts ans,

11 fallut qu’il enterrât son siècle pour qu’un nouveau siècle lui rendît publiquement justice. On lui reprochait jusqu’à ses prétendues richesses, qui n’approchaient pas à beaucoup près de celles des traitants de ces temps-là ; mais ceux qui étaient si bassement jaloux de sa fortune n’osaient pas, dans le fond de leur cœur, envier sa gloire, et baissaient les yeux devant lui.

Quand son successeur vengeait la France et l’Espagne dans l’île de Alinorque, l’envie ne criait-elle pas qu’il ne prendrait jamais Mahon, qu’il fallait envoyer un autre général à sa place ? Et Mahon était déjà pris \

Vous fîtes des jaloux dans plus d’un genre : mais ce n’est ni au général ni au plus aimable des Français que je m’adresse ici : je ne parle qu’à mon doyen. Comme il sait le grec aussi bien que

1. L’édition dont, parlo ici Voltaire est intitulée les Lois de Minas, ou Astérie, tragédie en cinq actes, par M. de Voltaire ; à Genève ; et se trouve à Paris, ciiez Valade, libraire, rue Saint-Jacques, vis-à’vis celle des Matliurins, 1773, in-8" de ij et 05 pages. Elle ne contient qu’une note sur ce vers de la scène ni de l’acte l :

« S’il naquit parmi vous, s’il lance le tonnerre.

Mais elle est toute différente de celle qu’on lit aujourd’hui. Voyez l’Avertissement de Beuchot.

2. Richelieu était aide de camp du maréchal do Villars à la bataille de Denain, le ’24 juillet 1712. (B.)

’{. Voyez la Correspondance, année 175G.