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ACTE CINQUIÈME.





Scène I.

TEUCER, AZÉMON, MÉRIONE, le héraut, suite.
Teucer, au héraut.

Allez, dites-leur bien que, dans leur arrogance,
Trop longtemps pour faiblesse ils ont pris ma clémence ;
Que de leurs attentats mon courage est lassé ;
Que cet autel affreux, par mes mains renversé,
Est mon plus digne exploit et mon plus grand trophée ;
Que de leurs factions enfin l’hydre étouffée,
Sur mon trône avili, sur ma triste maison,
Ne distillera plus les flots de son poison ;
Il faut changer de lois, il faut avoir un maître.

(Le héraut sort.)

(À Mérione.)

Et vous, qui ne savez ce que vous devez être,
Vous qui, toujours douteux entre Pharès et moi,
Vous êtes cru trop grand pour servir votre roi,
Prétendez-vous encore, orgueilleux Mérione,
Que vous pouvez abattre ou soutenir mon trône ?
Ce roi dont vous osez vous montrer si jaloux,
Pour vaincre et pour régner n’a pas besoin de vous ;
Votre audace aujourd’hui doit être détrompée.
Ou pour ou contre moi tirez enfin l’épée :
Il faut, dans le moment, les armes à la main,
Me combattre, ou marcher sous votre souverain.

Mérione.

S’il faut servir vos droits, ceux de votre famille,
Ceux qu’un retour heureux accorde à votre fille,
Je vous offre mon bras, mes trésors, et mon sang :
Mais si vous abusez de ce suprême rang