Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

A dit à ma grand’sœur, avec un ton fort doux :
Quand on vous mariera, prenez bien garde à vous.
J’avais fait pou de cas d’une telle parole ;
Je ne pouvais me décider
Que cela pût signifier
Que ma grande sœur deviendrait folle.
Et puis je me suis dit toujours en raisonnant :
Ma sœur est folle cependant.
Grégoire est bien malin : il pourchassa Glycère,
Il n’en eut qu’un refus : il doit être en colère.
Il est devenu grand seigneur :
On aime quelquefois à venger son injure.
Moi, je me vengerais si l’on m’ôtait un cœur.
Voyez s’il est quelque valeur
Dans ma petite conjecture.

Daphnis

Oui, Prestine a raison.


Le père de Glycère

Cette fille ira loin.


Le père de Daphnis

Ce sera quelque jour une maîtresse femme.

Daphnis

Allez tous, laissez-moi le soin
De punir ici cet infâme ;
A ce monstre ennemi je veux arracher l’âme.
Laissez-moi.


Le père de Glycère

Quil’eût cru qu’un jour si fortuné
A tant de maux fût destiné ?


Le père de Daphnis

Hélas ! j’en ai tant vu dans le cours de ma vie !
De tous les temps passés l’histoire en est remplie.




Scène IV

les précédents ; GRÉGOIRE
daphnis.

O douleur ! ô transports jaloux !
Holà ! hé ! monsieur le grand-prêtre.
Monsieur Grégoire, approchez-vous,