Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/272

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ses DON PEDRE.

Ses licnrcux descendants sont des rois légitimes ; J’ose attendre en Espagne un aussi grand destin.

ALMÈDE.

(iuesclin vous le promet ; et je me flatte enfin

Que don Pèdre à vos pieds peut tomber de son trône,

Si le Français l’attaque, et l’Anglais l’abandonne.

TRANSTAMARE.

Tout annonce sa cliute ; on a su soulever Les esprits mécontents qu’il n’a pu captiver. L’opinion publique est une arme puissante ; J’en aiguise les traits. La ligue menaçante Ne voit plus dans son roi qu’un tyran criminel ; Il n’est plus désigné que du nom de cruel. Ne me demande point si c’est avec justice : Il faut qu’on le déteste afin qu’on le punisse. La haine est sans scrupule : un peuple révolté Écoute les rumeurs, et non la vérité. On avilit ses mœurs, on noircit sa conduite ; On le rend odieux à l’Europe séduite ; On le poursuit dans Rome à ce vieux tribunal Oui, par un long abus, peut-être trop fatal. Sur tant de souverains étend son vaste empire. Je l’y fais condamner, et je puis te prédire Que tu verras l’Espagne, en sa crédulité, Exécuter l’arrêt dès qu’il sera porté. Mais un soin plus pressant m’agite et me dévore, À ses sacrés autels il ravit Léonore ; De cette cour profane il faut bien la sauver : Arrachons-la des mains qui m’en osent priver. Sans doute il s’est flatté du grand art de séduire, De sa vaine beauté, de ce frivole empire Qu’il eut sur tant de cœurs aisés à conquérir : Tout cet éclat trompeur avec lui va périr. Peut-être qu’aujourd’hui la guerre déclarée Vers la princesse ici m’interdirait l’entrée ; Profitons du seul jour où je puis fenlever. Va m’attendra au sénat ; je cours t’y retrouver : Nous y concerterons tout ce que je dois faire Pour ravir Léonore et le trône à mon frère. La voici : le destin favorise mes vœux.