Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/274

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

264 DON PÈDRE.

TRANSTAMAHE.

Je sais bien que don Pèdre est injuste, intraitable, Qu’il peut m’assassiner.

LKONOnE.

11 en est incapable. À l’insulter ainsi c’est trop vous appliquer. Puisse enfin la nature à tous deux s’expliquer ! Elle parle par moi ; seigneur, je vous conjure De ne point faire au roi cette nouvelle injure. Ménagez, évitez votre frère ofTensé, Violent comme vous, profondément blessé : Ne vous efforcez point de le rendre implacable ; Laissez-moi l’apaiser.

TRANSTAMARE.

Non : chaque mot m’acca])le. Je vous parle des nœuds qui nous ont engagés ; Et vous me répondez que vous me protégez ! Je ne vous connais plus. Que cette cour altère Vos premiers sentiments et votre caractère !

LÉONORE.

Mes justes sentiments ne sont point démentis : Je chérirai le sang dont nous sommes sortis ; Et les rois nos aïeux vivront dans ma mémoire. Pour la dernière fois, si vous daignez m’en croire. Dans son propre palais gardez-vous d’outrager Celui qui règne encore, et qui peut se venger.

TRANSTAMARE.

Que vous importe à vous que mon aspect l’offense ?

LÉONORE.

Je veux qu’en vers un frère il use de clémence.

TRANSTAMARE.

La clémence en don Pèdre ! Épargnez-vous ce soin ; De la mienne bientôt il peut avoir besoin. Je n’en dirai pas plus ; mais, quoi que j’exécute, Léonore est un l)ien qu’un tyran me dispute : Je n’ai rien entrepris que pour vous posséder ; Vous me verrez mourir plutôt que vous céder. Vous me verrez, madame.

(Il sort.)