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ACTE I, SCÈNE IV. 267

SCÈNE IV.

DON PÈDRE, LÉONORE, ELVIRE.

LÉONOUE.

Sire, ou plutôt cher époux, Soutirez que Léonore euibrassc vos genoux.

(Il la retient.)

Ma mère est votre sang, et sa main m’a donnée Au maître généreux (lui fait ma destinée. Vous avez exigé qu’aux yeux de votre cour Ce grand événement se cache encore un jour ; Mais vous m’avez promis de m’accorder la grâce Qu’implorerait de vous mon excusable audace. Puis-je la demander ?

DON PÈDRE.

N’ayez point la rigueur De douter d’un empire établi sur mon cœur. ■\^otre couronnement d’un seul jour se difFère ; 11 me faut ménager un sénat téméraire, Un peuple effarouché : mais ne redoutez rien. Parlez, qu’exigez-vous 1

LÉONOUE.

Votre bonheur, le mien. Celui de la Castille : une paix nécessaire. Seigneur, vous le savez, la princesse ma mère M’a remise en vos mains dans un espoir si beau. Les ans et les chagrins l’approchent du tombeau. Je joins ici ma voix à sa voix expirante ; Comme elle, en ces moments, la patrie est mourante. La Discorde en fureur en ces lieux alarmés Peut se calmer encor, seigneur, si vous m’aimez. Ne m’ouvrez point au trône un horrible passage Parmi des flots de sang, au milieu du carnage ; Et puissent vos sujets, bénissant votre loi, Par vous rendus heureux, vous aimer comme moi !

DON Pt ; DRE.

Plus que vous ne pensez votre discours me touche ; La raison, la vertu, parlent par votre bouche. Hélas ! vous êtes jeune, et vous ne savez pas Qu’un roi qui fait le bien ne fait que des ingrats.