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ACTE II, SCÈNE V. 277

TRANSTAMARE, on sortant avec sa suite.

Sire, j’attends beaucoup de la clémence auguste Du firre le pins tendre et du roi le plus juste.

SCÈNE V.

DON Ph : DRE, MENDOSE.

DON PKDRE.

Tremblez, tyrans des rois ; le châtiment vous suit.

Que dis-je ! malheureux ! à quoi suis-je réduit !

J’ai laissé de ses pleurs Léonore abreuvée,

Ainsi que mes sujets, contre moi soulevée.

Quoi ! toujours de mes mains j’ourdirai mes malheurs !

C’était donc mon destin d’éloigner tous les cœurs !

J’ai d’une tendre épouse affligé l’innocence ;

Mon peuple m’abandonne et le Français s’avance.

Prêt de faire une reine, et d’aller aux combats,

A tant de soins pressants mon cœur ne suffit pas.

Allons… il faut porter le fardeau qui m’accable.

MENDOSE.

Sire, vous permettez qu’un ami véritable

(Je hasarde ce nom, si rare auprès des rois),

Libre en ses sentiments, s’ouvre à vous quelquefois.

Vos soldats, il est vrai, s’approchent de Tolède ;

Mais les grands, le sénat, que Transtamare obsède.

Les organes des lois, du peuple révérés,

De la religion les ministres sacrés.

Tout s’unit, tout menace ; un dernier coup s’apprête.

Déjà même Guesclin, dirigeant la tempête, Marche aux rives du Tage et vient y rallumer

La foudre qui s’y forme et va tout consumer.

Peut-être il serait temps qu’un peu de politique

Tempérât prudemment ce courage héroïque ;

Que vous attendissiez, chaque jour offensé.

Le moment de punir sans avoir menacé.

De vos fiers ennemis nourrissant l’insolence,

Vous les avertissez de se mettre en défense.

De Léonore ici je ne vous parle pas :

L’amour, bien mieux que moi, finira vos débats.

Vous êtes violent, mais tendre, mais sincère ;