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LETTRE

DE M. DE VOLTAIRE

A L’ACADÉMIE FRANÇAISE

Messieurs,

Daignez recevoir le dernier hommage de ma voix mourante, avec les remerciements tendres et respectueux que je dois à vos extrêmes bontés.

Si votre compagnie fut nécessaire à la France par son institution^, dans un temps où nous n’avions aucun ouvrage de génie écrit d’un style pur et noble, elle est plus nécessaire que jamais dans la multitude des productions que fait naître aujourd’hui le goût généralement répandu de la littérature.

Il n’est permis à aucun membre de l’académie de laCrusca de prendre ce titre à la tête de son livre, si l’académie ne l’a déclaré écrit avec la pureté de la langue toscane. Autrefois, quand j’osais cultiver, quoique faiblement, l’art des Sophocles, je consultais toujours M. Fabbé d’Olivet, notre confrère, qui, sans me nommer, vous proposait mes doutes ; et lorsque je commentai le grand Corneille, j’envoyai toutes mes remarques à M, Duclos, qui vous les communiqua. Vous les examinâtes ; et cette édition de Corneille semble être aujourd’hui regardée comme un livre classique, pour les remarques que je n’ai données que sur votre décision.

Je prends aujourd’hui la liherté de vous demander des leçons sur les fautes où je suis tombé dans la tragédie d’Irène. Je n’en fais tirer quelques exemplaires que pour avoir l’honneur de vous consulter, et pour suivre les avis de ceux d’entre vous qui vou-

1. Dans sa Lettre à l’Académie française, lue dans la séance du 23 août 177G, Voltaire rabaissait beaucoup Shakespeare. M"’« de Montague y repondit par une Apologie de son compatriote (voyez ma note, page 330 ;. La dédicace d’Irène, ou Lettre (nouvelle) à l’Académie française, est une réplique à M"’« de Montague. (B.)

2. Voyez le chapitre relatif à l’établissement de l’Académie française. (B.)