Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/369

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Oseras-tu me suivre au fond de ces retraites
Où mes jours malheureux vont être ensevelis ?

zoé

Les miens dans tous les temps vous sont assujettis.
Je vois que notre sexe est né pour l'esclavage ;
Sur le trône, en tout temps, ce fut votre partage :
Ces moments si brillants, si courts, et si trompeurs,
Qu'on nommait vos beaux jours, étaient de longs malheurs.
Souveraine de nom, vous serviez sous un maître ;
Et quand vous êtes libre, et que vous devez l'être,
Le dangereux fardeau de votre dignité
Vous replonge à l'instant dans la captivité !
Les usages, les lois, l'opinion publique,
Le devoir, tout vous tient sous un joug tyrannique.

irène

Je porterai ma chaîne... il ne m'est plus permis
D'oser m'intéresser aux destins d’Alexis :
Je ne puis respirer le même air qu'il respire.
Qu'il soit à d'autres yeux le sauveur de l'empire,
Qu'on chérisse dans lui le plus grand des césars,
Il n'est qu'un criminel à mes tristes regards ;
Il n'est qu'un parricide ; et mon âme est forcée
À chasser Alexis de ma triste pensée.
Si, dans la solitude où je vais renfermer
Des sentiments secrets trop prompts à m'alarmer,
Je me ressouvenais qu'alexis fut aimable...
Qu'il était un héros... je serais trop coupable.
Va, ma chère Zoé, va presser mon départ ;
Sauve-moi d'un séjour que j'ai quitté trop tard :
Je vais trouver soudain le pontife et mon père,
Et je marche sans crainte au jour pur qui m'éclaire.

En voyant alexis.

Ciel !



Scène VI

.

irène, alexis, gardes,


qui se retirent après avoir mis un trophée aux pieds d'Irène.

alexis

Je mets à vos pieds, en ce jour de terreur,
Tout ce que je vous dois, un empire et mon coeur.