Vous replacer au trône, et vous donner sa main.
À Léonce, au pontife, il s'expliquait en maître ;
Dans ses emportements j'ai peine à le connaître :
Il ne souffrira point que vous osiez jamais
Disposer de vous-même, et sortir du palais.
Ciel, qui lis dans mon coeur, qui vois mon sacrifice,
Tu ne souffriras pas que je sois sa complice !
Que vous êtes en proie à de tristes combats !
Tu les connais ; plains-moi, ne me condamne pas.
Tout ce que peut tenter une faible mortelle,
Pour se punir soi-même, et pour régner sur elle,
Je l'ai fait, tu le sais ; je porte encor mes pleurs
Au dieu dont la bonté change, dit-on, les coeurs.
Il n'a point exaucé mes plaintes assidues ;
Il repousse mes mains vers son trône étendues ;
Il s'éloigne.
Et pourtant, libre dans vos ennuis,
Vous fuyez votre amant.
Peut-être je ne puis.
Je vous vois résister au feu qui vous dévore.
En voulant l'étouffer, l'allumerais-je encore ?
Alexis ne veut vivre et régner que pour vous.
Non, jamais Alexis ne sera mon époux.
Eh bien ! Si dans la Grèce un usage barbare,
Contraire à ceux de Rome, indignement sépare
Du reste des humains les veuves des césars,
Si ce dur préjugé règne dans nos remparts,
Cette loi rigoureuse, est-ce un ordre suprême
Que du haut de son trône ait prononcé Dieu même ?
Contre vous de sa foudre a-t-il voulu s'armer ?
Oui : tu vois quel mortel il me défend d'aimer.