Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/384

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Votre nom prononcé faisait couler ses larmes :
Mais depuis que Léonce ici vous a parlé,
L'oeil fixe, le front pâle, et l'esprit accablé,
Elle garde avec nous un farouche silence ;
Son coeur ne nous fait plus la triste confidence
De ce remords puissant qui combat ses désirs ;
Ses yeux n'ont plus de pleurs, et sa voix de soupirs.
De son dernier affront profondément frappée,
De Léonce et de vous tout entière occupée,
À nos empressements elle n'a répondu
Que d'un regard mourant, d'un visage éperdu ;
Ne pouvant repousser de sa sombre pensée
Le douloureux fardeau qui la tient oppressée.

alexis

Hélas ! Elle vous aime, et sans doute me craint.
Si dans mon désespoir votre amitié me plaint,
Si vous pouvez beaucoup sur ce coeur noble et tendre,
Résolvez-la du moins à me voir, à m'entendre,
À ne point rejeter les voeux humiliés
D'un empereur soumis et tremblant à ses pieds.
Le vainqueur de César est l'esclave d'Irène ;
Elle étend à son choix, ou resserre sa chaîne :
Qu'elle dise un seul mot.

zoé

Jusques en ce séjour
Je la vois avancer par ce secret détour.

alexis

C'est elle-même, ô ciel !

zoé

À la terre attachée,
Sa vue à notre aspect s'égare effarouchée ;
Elle avance vers vous, mais sans vous regarder ;
Je ne sais quelle horreur semble la posséder.

alexis

Irène, est-ce bien vous ? Quoi ! Loin de me répondre,
À peine d'un regard elle veut me confondre !