ACTE DEUXIÈME.
Scène I.
(Agathocle passe dans le fond du théâtre :
il semble parler à ses deux fils Polycrate et Argide ;
il est entouré de courtisans et de gardes.
Ydasan et Égeste sont sur le devant, près du temple.)
C’est là ce vieux tyran si grand, si redoutable,
Qu’on croit si fortuné ! Son âge qui l’accable,
Son front chargé d’ennuis semble dire aux humains
Que le repos du cœur est loin des souverains.
Est-ce lui dont j’ai vu la misérable enfance
Chez nos concitoyens ramper dans l’indigence ?
Est-ce Agathocle enfin ?… Que d’esclaves brillants
Prêtent leur main servile à ses pas chancelants !
Comme il est entouré ! leur troupe impénétrable
Semble cacher au peuple un monstre inabordable.
Sont-ce là ses deux fils dont tu m’as tant parlé ?
Oui ; tu vois Polycrate à l’empire appelé :
On dit qu’il est plus dur et plus inaccessible
Que ce sombre vieillard autrefois si terrible,
Argide est plus affable ; il est grand sans orgueil,
Et sa noble vertu n’a point un rude accueil :
Athène a cultivé ses mœurs et son génie ;
Né d’un tyran illustre, il hait la tyrannie.
Vers ces débris du temple ils s’avancent tous deux :
Saisissons ce moment, osons approcher d’eux ;
Mais surtout souviens-toi que Polycrate est maître.
Devant lui, cher ami, qu’il est dur de paraître !
Oublie, en lui parlant, l’esprit républicain.