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448 JUI.ES CESAR.

CASSILS.

Crois-moi, tire Casca (loucenient par la manche : 11 passe : il te dira, dans son étrange humeur, Avec son ton grossier, tout ce qu’il aura vu.

BlUTUS.

Je ny manquerai pas. Mais observe avec moi Combien l’œil de César annonce de colère ; A’ois tous ses courtisans près de lui consternés ; La pâleur se répand au front de Calphurnie, lU’garde Cicéron, comme il est inquiet, Impatient, troublé ; tel que, dans nos comices, A’ous l’avons vu souvent, quand quelques sénateurs, Réfutant ses raisons, hravent son éloquence.

CASSIUS.

Tu sauras de Casca tout ce qu’il faut savoir,

CÉSAR, dans le fond.

Eh bien, Antoine !

ANTOIN’E.

Eh bien. César !

CÉSAR, regardant Cassius et Brutus, qui Sont sur le devant.

Puissé-je désormais n’avoir autour de moi

Que ceux dont l’embonpoint marque des mœurs aimables.

Cassius est trop maigre ; il a les yeux trop creux ;

Il pense trop : je crains ces sombres caractères.

ANTOINE.

Ne le crains point. César, il n’est pas dangereux ; C’est un noble Romain qui t’est fort attaché.

C É s A R ^

Je le voudrais plus gras, mais je ne puis le craindre.

Cependant si César pouvait craindre un mortel,

Cassius est celui dont j’aurais défiance :

11 lit beaucoup ; je vois qu’il veut tout observer ;

Il prétend par les faits juger du cœur des hommes ;

Il fuit l’amusement, les concerts, les spectacles,

Tout ce qu’Antoine et moi nous goûtons sans remords ;

Il sourit rarement ; et dans son dur sourire,

Il semble se moquer de son propre génie ;

Il paraît insulter au sentiment secret

Qui malgré lui l’entraîne, et le force à sourire.

Un esprit de sa trempe est toujours en colère,

1. Cela est encore tiré de Phitarquo. {Note de Vullaire.)