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318 LA COMÉDIE FAMEUSE.

LISIPPO.

Si je pouvais parler, je vous aurais déjà tout dit ; mais la déité (]ui m’inspire me menace si je parle.

PHOGAS.

Mais ne pourrais-tu pas forcer ta fille Libia, la reine Cintia, et les autres, à dire ce qu’ils savent de ces prodiges ?

TOUS, ensemble.

On ne pourra nous y oJjliger, ni nous faire violence.

PHOCAS,

Pourquoi ?

LIBIA.

Il faut céder à la fatalité. •

CINTIA.

Le terme des destinées est arrivé.

ISMÉ.NIE.

Oui, ce jour même, cet instant même.

TOUS, ensemble.

Nous sommes entraînés par la force de l’enchantement.

Ils disparaissent tous avec le palais. Phocas et Lisippo restent sur la scène.

PHOCAS.

Écoute, espère tout de moi.

LISIPPO.

C’est en vain ; je dois vous laisser dans la situation où vous êtes. Jugez par ce que vous avez vu des raisons de mon silence.

(II sort.)

PHOCAS.

Eh bien ! tu t’en vas aussi ?

On entend derrière la scène dos cris de chasseurs.

À la forêt, à la montagne, au buisson, au rocher.

Libia et Cintia derrière la scène appellent Pliocas.

PHOCAS.

Ils m’ont tous laissé dans la plus grande incertitude ; je n’ai pu savoir autre chose d’eux tous, sinon qu’Hérachiis m’a voulu secourir, après que je l’ai vu le poignard à la main pour me tuer, et que Léonide est un assassin, quand mon cœur me dit qu’il volait à mon secours, abîme impénétrable ! que de choses tu me dis, et que de choses tu me caches !

On entend derrière le théâtre :

Voilà le tigre que Phocas a lancé qui va vers la montagne.