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TROISIK.ME.1 OU UNE H. 329

ASTOLPHE.

Quoique ma caducité ne me pennottc pas de vous servir, je peux mourir du moins, et vous me verrez mourir le premier à vos côtés.

FRÉDÉRIC.

J’espère en vous deux. J’attends de vous mon triomphe : déjà mes soldats s’avancent avec audace,

Los troupes de Phocas paraissent ; les trompettes et les clairons sonnent la charge ; la bataille se donne ; on entend d’un côté : « Vive Phocas ! » et de l’autre <■ Vive Frédéric ! » Puis tous ensemble crient : « Aux armes ! aux armes ! Combattons ! combattons ! »

HÉRACLIUS, l’t’péc à la main.

Suivez-moi : je connais tous les sentiers ; si vous marchez de ce côté, vous pourrez tout rompre.

CINTIA, paraissant armée à la têto des siens.

Non, vous ne romprez rien ; c’est à moi de défendre ce poste.

HÉRACLIUS.

Qui pourra soutenir ma fureur ?

CINTIA.

Moi.

HÉRACLIUS.

Quel objet frappe mes yeux !

ClNTIA.

Qu’est-ce que je vols !

HÉRACLIUS.

Vous voyez le changement de nos destins : je défendais contre vous un passage quand je vous al vue pour la première fols, et à présent vous en défendez un contre moi.

CINTIA.

Ajoute que tu me regardais alors avec des yeux d’admiration, et à présent c’est mol qui t’admire.

HÉRACLIUS.

Qu’admirez-vous en mol ? rien que les vicissitudes incompré- sensibles de ma vie. Je vous trouve ici ; vous voulez que je fuie : moi, fuir ! et fuir de vos yeux ! Ce sont deux choses si impossibles que, si elles arrivaient, elles diraient qu’elles ne peuvent pas arriver.

CINTIA.

Sans te dire ici que mon bonheur est de te voir en vie, ce bonheur ne sera-t-11 pas plus grand que si tu enfonces ce passage, et si tu restes victorieux ?

HÉRACLIUS.

Je ne veux point vaincre à ce prix, en combattant ccrotre vous.

7. — Théâtre. VI. 34